낮선사람 프로젝트 4, 2019
« Projet Étranger 4 », 2019
Depuis la Corée, je travaille sur mon projet "Projet Étranger". J'ai pris des photos de mes doigts entrelacés avec ceux d'un inconnu (Projet Étranger 1), avec qui j'ai pris un café (Projet Étranger 2). De plus, j'ai réalisé une performance où l'un des deux participants, qui ne se voyaient pas, touchait le visage de l'autre pour exprimer ses sentiments et ses observations (Projet Étranger 3). Maintenant, je me lance dans mon quatrième travail sur mon "Projet Étranger". Je suis ici, en France, en tant qu'étrangère, plutôt que simplement une femme asiatique ou une Asiatique.
Autrefois, quelqu'un m'a demandé ce que représentait la France pour moi. J'ai répondu : "Chaque fois que je voulais parler de moi en Corée, on me demandait de me comporter avec élégance, courtoisie, timidité féminine et d'incarner le caractère féminin. Pourtant, je pense pouvoir surpasser ces obstacles en France. De plus, je ne sais pas pourquoi, mais je pense pouvoir me rapprocher de moi-même ainsi que de mon potentiel."
Au cours de mes trois années ici, je m'approche et m'éloigne de ces idées en même temps. Bien que je puisse surmonter de nombreuses difficultés pour trouver et exprimer mon potentiel, on me rappelle constamment que je suis une fille coréenne, plus précisément une femme d'origine asiatique, censée être toujours calme, obéissante et passive. Je n'oublierai jamais le désespoir que j'ai ressenti lorsque j'ai réalisé cela pour la première fois.
Je veux souligner le fait que "on me rappelle constamment que je suis une fille coréenne, plus précisément une femme d'origine asiatique". Malheureusement, pendant mon séjour en France, j'ai dû faire face aux préjugés, à l'ignorance et aux insultes envers les Asiatiques. Quel malheur m'accompagne-t-il ? Le harcèlement dans la rue est presque quotidien : remarques, insultes et propos obscènes. "Nihao !" avec les mains jointes, "Tching Tchang Tchong !", "Mi-aou", "Je veux réaliser mes fantasmes avec vous." "Vous êtes combien ?" Je suis perçue comme un objet de curiosité et un objet sexuel. Cette expérience se répète chaque jour. Chaque fois que j'aborde le racisme, la réponse que je reçois est toujours : "Je ne suis pas raciste, j'ai des amis asiatiques et j'aime les mangas."
Contre cela, je suis curieuse de découvrir la vie des Asiatiques en France, tout comme la mienne. Je veux entendre la voix des Asiatiques : leur vie personnelle en France, leur identité, leur caractère, etc. En d'autres termes, je veux partager non seulement ma propre vie, mais aussi celle d'un étranger en France.
C'est pourquoi je commence à prendre des portraits d'Asiatiques, en mettant l'accent sur leur visage, car notre apparence asiatique attire souvent l'attention. J'ai rencontré les participants dans la rue, dans des cafés, dans des pubs. Je leur ai proposé de participer à mon projet, que j'ai ensuite réalisé chez eux. Après avoir pris leur portrait, je leur ai demandé d'écrire des messages dans leur langue maternelle. "Même si nous sommes appelés 'Nihao !' comme prénom, nous avons chacun un nom, une identité, une personnalité et un caractère."
Dans mon projet, j'ai remarqué que le regard des participants était très intense et profond lorsqu'ils parlaient d'eux-mêmes et écrivaient dans leur langue maternelle. Cela me rappelle une histoire. "Quand un étudiant étranger a présenté son projet, il y a eu des rires de toute part en raison de sa prononciation indistincte, de sa voix crispée et hésitante. Après sa présentation, son professeur lui a demandé de présenter à nouveau son projet dans sa langue maternelle. Pendant cette présentation, il y a eu un silence total dans la salle. Tout, des yeux à la voix, était empreint de confiance, sans hésitation. Après sa présentation, son professeur a ajouté : 'C'est l'identité de cet élève qu'on ne voyait pas.'"
Ceci est ma voix, notre voix, ma vie, notre vie, ma consolation, notre consolation, ma solidarité, notre solidarité, ma France et notre France.